Pâturer les prairies naturelles de marais littoraux

Les prairies naturelles représentent environ la moitié des surfaces agricoles des marais littoraux. L’élevage, essentiellement bovin, assure le maintien de ces prairies, riches en biodiversité.


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Description

Pâturer les prairies naturelles de marais littoraux

Ces prairies contribuent pour une part non négligeable au système fourrager des fermes situées en milieu côtier maritime. Elles sont de nos jours l’objet d’enjeux de préservation. Comment les valoriser au mieux en préservant la biodiversité ?

Une production fourragère raisonnée

Les prairies sont ceinturées de canaux servant à la fois de clôtures et d’abreuvoirs. Elles présentent un microrelief hérité d’un passé salicole ou de la présence d’anciens chenaux de marées
persistant sous forme de dépressions (baisses). Une certaine maîtrise hydraulique est possible à l’échelle de la parcelle (rigoles, diguettes, couets) pour évacuer, conserver ou faire rentrer de l’eau dans les baisses. La fauche se fait généralement début juin.

Les sols argileux, peu portants lorsqu’ils sont gorgés d’eau, empêchent le pâturage hivernal. Une fois l’eau évacuée, les animaux sont mis à l’herbe (généralement début avril) où ils profitent d’une herbe abondante (4-5 t MS/ha) mais de qualité moyenne (0,60 UF en moyenne).

La végétation arrête sa croissance et sèche sur pied fin juin. Du fait de ce « trou d’herbe » estival, les vaches sont affourragées (en foin) au champ. L’arrivée des pluies d’automne peut engendrer une repousse plus ou moins précoce et abondante. Les animaux repartent du marais en général fin octobre.

Un support de biodiversité

Ces prairies sont caractérisées par une flore à base de graminées, carex et joncs de petite taille, de nombreuses légumineuses, et peu d’autres dicotylédones. Elles abritent souvent des espèces patrimoniales. Leur composition floristique est très variable en fonction de la durée d’inondation hivernale, de la salinité du sol et des pratiques agricoles. Cette diversité constitue autant d’habitats colonisés par une faune riche et variée. Lorsqu’elles sont présentes sur un axe de migration majeur, ces prairies accueillent aussi une grande diversité d’oiseaux tout au long de l’année.

Le pâturage du roseau ?

Les roselières se développent dans les zones basses des prairies naturelles de marais. Le pâturage des roseaux (le phragmite) peut constituer un complément fourrager l’été, quand le reste de la prairie est sec. La végétation des baisses, qui reste verte plus longtemps, peut également prolonger la durée du pâturage.

Vaches Maraîchines et veaux sur une prairie naturelle de marais

Le roseau, une ressource appréciée des bovins

Des conseils pour réussir

  • Privilégier un pâturage tournant (1 à 2 semaines par parcelle) pour optimiser l’utilisation de la pousse de printemps.
  • Commencer à faire pâturer les zones où le carex est abondant en avril car il est refusé après la floraison.
  • Maîtriser l’épiaison des orges (faux-seigle et maritime) au printemps avec un chargement adapté sous peine de nombreux refus.
  • Jouer sur la complémentarité des types de couverts prairiaux (plus ou moins hygrophiles) pour étaler la production d’herbe dans le temps : intérêt des « bosses » pour le pâturage précoce, intérêt des dépressions, inondées au printemps, pour fournir une ressource en été.
  • Adapter le chargement à la production de la prairie (chargement moyen sur la période de pâturage : 1 à 1,4 UGB/ ha). Permet d’éviter le piétinement des nids d’oiseaux.
  • Surveiller la santé des animaux car la pression parasitaire (douve, strongles, paramphystome) sur ces prairies humides peut être forte.

Iris spuria (iris bâtard), espèce patrimoniale présente sur les bosses

Troupeau de charolaises venant s’abreuver dans un canal

 

 

« Les analyses montrent que le foin de marais n’est pas riche en UF, mais les animaux le mangent volontiers, sans refus. ça les tient bien en état. »

MP à Saint Laurent de la Prée (17)

« On peut avoir certains étés de l’herbe sur pied dans les prairies. Les vaches la mangent. Mais dès que ça a pris la pluie ou que l’herbe est couchée, les animaux n’en veulent plus. »

PR à Saint Laurent de la Prée (17

 

Impacts pour la durabilité

  • Ces prairies contribuent à la beauté des paysages typiques des marais littoraux et sont sources de biodiversité (sites Natura 2000).
  • Elles font l’objet de Mesures Agri-Environnementales.
  • Les prairies de marais contribuent au stockage des pluies excédentaires (zones tampon) et à l’épuration des eaux.
  • Elles contribuent au stockage de carbone mais aussi au maintien de pratiques d’élevage traditionnelles en marais.

 

Quelques références

  • Prairies permanentes – des références pour valoriser leur diversité – Institut de l’élevage, 2011. 128 p.
  • Prairies des marais charentais – un outil pour identifier une biodiversité remarquable favorisée par des pratiques agricoles – CA 17. 30 p.
  • Eleveurs de bovins sur les prairies des marais atlantiques. 2003 – Forum des marais atlantiques. 19 p.

Additional information

Impact sur...

Environnement, Production, Société

Action

Aménager, Evaluer, Valoriser

Echelle

Parcelle, Territoire, Troupeau

Espèce

Bovin, Equin, Ovin

Auteur

Daphné Durant (Inra), Eric Kernéïs (Inra)

Crédit photos

Claire Le Chanony, Daphné Durant (Inra), Eric Kernéïs (Inra), Stéphanie Troccaz

Numéro de fiche

78

Mise à jour

Mai 2019

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