Description
Parasitisme au pâturage : trouver l’équilibre !
Le pâturage répond à la forte sensibilité des consommateurs en matière de bien-être animal. Il fournit une alimentation protéique, équilibrée et économique. Il convient cependant de rester vigilant face au parasitisme.
Les parasites : qui et où ?
Il faudra toujours s’adapter à chaque espèce selon son cycle, sa zone de résidence et sa structure biologique. Nous devons nous attendre à voir des nouveaux parasites et d’autres changements dans leurs cycles avec le réchauffement climatique.
- Les parasites internes, peuvent être dans l’intestin, le foie, le rumen ou les poumons. Il faut savoir où est qui !
- Parmi les vers ronds, les strongles sont capables d’infester un animal après seulement quelques transformations dans l’environnement. C’est un cycle « direct ». On peut développer l’immunité naturelle : le bovin a besoin de 8 mois de contact raisonnable avec les strongles digestifs, pour acquérir une immunité durable.
- Des vers plats, comme les douves ou paramphistomes contaminent des hôtes intermédiaires avant d’entrer dans un ruminant. Dans ce cycle « indirect », on prend en compte l’environnement et les petites bêtes hôtes comme la limnée.
Là, n’oublions pas que 80% des parasites se trouvent dans les 5 premiers cm au dessus du sol ! - Les parasites externes
Les suceurs de sang, poux, tiques, moustiques sont aussi vecteurs de maladies graves comme la piroplasmose, l’anaplasmose ou l’ehrlichiose. Les mouches nuisent aux performances par agacement et sont vectrices de bactéries (kératite).
Analyser pour identifier
Chaque élevage est soumis à des parasites différents selon ses parcelles, l’historique du cheptel et les traitements précédents. Il faut donc identifier les parasites présents sur l’exploitation. Pour cela, plusieurs examens sont possibles :
- La recherche directe par autopsie ou à l’abattoir.
- Les analyses de laboratoire :
- Analyse des fèces : la « copro » : recherche des oeufs ou larves (la limite est qu’il y ait excrétion : attention le paramphistome pond moins l’hiver et la grande douve ne pond presque pas…). On trouve généralement plus d’oeufs de strongles et de paramphistomes en mai-juin et en automne.
- Analyse sanguine :
- sérologie grande douve : recherche des anticorps contre la douve. Ils persistent plusieurs mois après la disparition du parasite donc on peut les trouver encore après un traitement efficace.
- dosage de pepsinogène : si ce précurseur d’une enzyme digestive de la caillette est dans le sang, c’est que la muqueuse de la caillette a été abimée par le passage d’un strongle nommé Ostertagia chez les bovins et/ou Haemonchus chez les petits ruminants.
- Il existe aussi des méthodes plus spécifiques aux espèces comme la recherche d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de vache nommée communément DO et l’observation clinique de la couleur des muqueuses des caprins et ovins, nommée FAMACHA. Ces 2 méthodes doivent être replacées dans leur contexte clinique.
Des conseils pour réussir
- Apprenez à connaitre les parasites existant sur votre élevage.
- Préparer un plan d’action de gestion parasitaire.
- Identifiez vos animaux les plus sensibles au parasitisme (les jeunes et les affaiblis) et surveiller leurs infestations par des analyses notamment en début d’été
et à l’automne. - Avant la mise à l’herbe, repérer vos parcelles à risques et vos animaux les plus sensibles pour choisir qui ira sur quelle parcelle et quand.
- Soyez vigilant : pas de surpâturage notamment en période sèche : l’herbe reste verte plus longtemps proche des zones humides donc contaminées… N’hésitez pas à repérer les gites des hôtes intermédiaires et à les condamner par des clôtures.
- Rester attentif aux 3 signes d’alerte d’infestation parasitaire : l’état corporel des animaux, l’homogénéité des lots, toute baisse de performance non expliquée.
- Raisonner tout traitement avec votre vétérinaire pour qu’il soit efficace : sur les bons animaux, au bon moment sur la bonne cible et laisser des animaux refuges, des animaux du lot non traités pour limiter les résistances.
Propos recueillis lors de la formation d’éleveurs
« Je traite chaque année systématiquement au printemps et à l’automne avec le même médicament antiparasitaire et j’ai encore des problèmes. »
« Maintenant je travaille avec une stratégie gagnante de gestion parasitaire. Je raisonne mes traitements avec mon vétérinaire, je fais des analyses à l’automne et je choisis les animaux à traiter. Au final, je traite moins, c’est plus efficace, mes animaux sont mieux, j’économise de l’argent et je protège l’environnement»
Impacts pour la durabilité
- Gérer correctement le parasitisme, c’est améliorer la rentabilité : moindre coût des traitements et meilleures performances des animaux.
- Raisonner l’utilisation des molécules antiparasitaires rémanentes, c’est préserver l’équilibre des milieux sensibles et la qualité de pâturage. En effet, les résidus chimiques persistent dans le sol plusieurs années et tuent les insectes coprophages qui dégradent les bouses.
- Moins de chimie dans l’élevage, c’est aussi répondre à une demande du consommateur et de la société.
Quelques références
- Parasitisme : enjeux et opportunités – Recueil des Journées nationales des GTV, Nantes, 2015.
- Utilisation du pâturage : bien gérer le risque de parasitisme – Leboeuf et al, Ovin Québec, automne 2009.
- Parasitisme de pâturage : à réfléchir dès la mise à l’herbe – Ponsich, L’aurore paysanne, 29 mars 2013.
- Le risque parasitaire au pâturage et sa maîtrise – Chauvin, Fourrages, 2009.
- Parasitisme interne des ruminants (strongles) et utilisation du pâturage : comment faire durablement bon ménage ? – Cabaret, Fourrages 2017.