Description
Le surpâturage : ne vous coupez pas l’herbe sous le pied !
Le surpâturage survient lorsque l’offre de fourrage est insuffisante par rapport à la demande du troupeau. Les animaux broutent de plus en plus ras et de plus en plus fréquemment, ce qui épuise les plantes. Les conséquences : perte de productivité, dégradation de la flore et
salissement de la parcelle.
Les indices
- Couvert ras avec une hauteur d’herbe inférieure à 4 cm.
- Développement de plantes à rosettes (pâquerette, porcelle, pissenlit, plantain…) et d’adventices annuelles.
- Plantes arrachées, présence de sol nu.
De quel surpaturage s’agit-il ?
- Surpâturage d’été. L’été est éprouvant pour la prairie : manque d’eau et chaleur. Il est courant de laisser une trop grande surface accessible aux animaux. Certaines zones subissent alors des dégradations durables et mettront beaucoup de temps à redémarrer au retour des pluies.
- Surpâturage d’automne. Les graminées stockent leurs réserves à la base des tiges. La reconstitution de ces réserves en fin d’automne conditionne le démarrage du printemps. De faibles réserves retardent le démarrage, limitent la production et laissent la place aux adventices.
- Surpâturage en conditions humides. Les bêtes compactent le sol et peuvent arracher le couvert végétal en multipliant leurs déplacements. Se créent alors des vides propices aux adventices.
Impact sur la prairie
- Les plantes s’adaptent à la forte pression de pâturage : les tiges et les feuilles se raccourcissent. Les plantes à port dressé, plus préhensibles, sont les premières touchées.
- La surface foliaire diminue : le temps de repousse augmente et la productivité baisse.
- La prairie devient plus sensible aux sécheresses estivales, au déchaussement par le gel, au piétinement… du fait d’un enracinement plus superficiel.
Impact sur le troupeau
- Les performances animales sont affectées : manque d’ingestion, amaigrissement, moindres performances zootechniques.
- Des risques sanitaires apparaissent : ingestion de terre accrue, risque d’infestation parasitaire plus fréquent.
Des conseils pour réussir
- Adapter le temps de séjour des animaux à la quantité d’herbe disponible.
- Respecter les temps de repousse entre chaque pâturage. Pour les graminées il varie de 2-3 semaines au printemps à 4-5 semaines en été. Pour les légumineuses il est de 4-5 semaines dès le printemps.
- Changer les animaux de parcelle dès que la hauteur d’herbe descend à 4 cm (hauteur herbomètre). Ne pas laisser les animaux plus de 7 jours consécutifs
sur la même parcelle, afin qu’ils ne consomment pas les jeunes repousses. - Continuer le pâturage tournant en été et automne, en réduisant le chargement et en allongeant le temps de repousse. Lorsqu’il n’y a plus d’herbe, rentrer les animaux en bâtiment. A défaut, les affourager sur une zone limitée que l’on sacrifie, pour préserver le potentiel des autres prairies.
- Rentrer les animaux en bâtiment ou limiter le temps de sortie/jour en automne lorsque la portance devient limitante.
- Laisser aux pâtures un repos hivernal.
Mais parfois, lorsque le couvert est trop dégradé, la rénovation totale de la prairie peut s’imposer comme seule solution… tout en modifiant les pratiques pour ne pas refaire les mêmes erreurs !
« J’avais tendance à beaucoup faire pâturer une bonne parcelle derrière le bâtiment. Mais celle-ci s’est rapidement dégradée et retrouvée envahie de pissenlits. Je l’ai ressemée, et depuis, je gère au plus près le temps de retour des animaux ».
Monique B., (49)
« Depuis qu’on a installé 4 points d’eau supplémentaires sur les 12 ha accessibles aux vaches laitières, la totalité de la surface est mieux exploitée et on a moins de surpâturage aux abords de la stabulation »
G. Montagines, (63)
Impacts pour la durabilité
- Le surpâturage réduit la production des prairies et des animaux qui y pâturent ce qui induit une perte économique.
- Lorsque la couverture végétale est limitée et que le sol est tassé, le ruissellement augmente.
- Le surpâturage, en abîmant les prairies, peut apporter une image négative à l’agriculture.
Quelques références
- Guide pratique de l’éleveur : produire avec de l’herbe, du sol à l’animal – CA Bretagne et Pays de Loire, 2011.
- Physiologie de l’herbe et pâturage – Gillet M., Fourrages, 1981.