Description
Le pâturage mixte : de nombreux atouts
L’augmentation de la taille des élevages s’est accompagnée d’une spécialisation marquée. Certaines dérives associées (augmentation de la dépendance aux intrants alimentaires et médicamenteux) ont induit des surcoûts de production et le développement de parasites résistants. La mixité d’espèces peut permettre de mieux valoriser le potentiel herbager tout en limitant le parasitisme.
Valorisation de l’herbe
- Les espèces d’herbivores (bovins, ovins, caprins, équins) présentent des différences dans leurs choix alimentaires (préférence, tri, refus, régulation…).
- En pâturage mixte, la complémentarité de prélèvement qui en résulte permet de diminuer les refus au pâturage (consommation des refus d’une espèce par une autre espèce) et d’améliorer
la valeur nutritive de la prairie.
Limitation du parasitisme
- Il existe une spécificité relativement étroite des parasites internes pour un hôte donné. En conséquence, l’ingestion par une espèce animale d’un parasite d’une autre espèce aboutit le plus souvent à la mort de ce parasite.
- Il existe cependant quelques espèces de nématodes capables d’infester plusieurs espèces d’herbivores, en particulier les ovins et caprins, et le principe de spécificité d’hôte ne s’applique pas aux trématodes (douves).
Des performances améliorées
- Le pâturage mixte simultané ou alterné, permet d’accroître les performances individuelles d’une ou de plusieurs espèces animales, ainsi que les performances par hectare. Dans le cas de l’association ovins-bovins, des bénéfices ont davantage été démontrés pour les ovins que pour les bovins.
- L’intérêt du pâturage mixte est modulé par plusieurs facteurs dont le ratio entre espèces animales, l’état physiologique des animaux, la conduite du pâturage (en rotation, continu), le chargement, et les conditions pédo-climatiques.
Des conseils pour réussir
- Même si la mixité d’espèces permet de « diluer » les parasites spécifiques à chaque espèce, les systèmes herbagers restent particulièrement exposés aux parasites. Il faut en particulier veiller aux parasites communs entre espèces.
- Prévoir des équipements en adéquation avec chacune des espèces utilisées : clôtures et abreuvoirs en particulier.
- Adopter les règles de bonne gestion du pâturage (voir fiches correspondantes).
- Prendre en compte les besoins des différentes espèces et types d’animaux.
- Pour des animaux laitiers, le pâturage en alternance est plus aisé à conduire que le pâturage en simultané.
- Avant de regrouper les espèces, les faire pâturer séparément sur des parcelles adjacentes
« En plus du bon état corporel et de la croissance des animaux sans complémentation, on a constaté une amélioration du couvert végétal, sans qu’aucune fauche des refus ne soit nécessaire »
Eleveur bovin-équin à Sarran (19)
« Tous les animaux pâturent ensemble avant le sevrage des agneaux, ça permet de limiter le travail. Ensuite, les agneaux sevrés sont engraissés sur les repousses après fauche. Pour les autres lots, on pratique un pâturage séquentiel sur les parcelles pâturées au printemps, avec un ordre de préférence : d’abord les vaches avec les veaux, puis les agnelles de renouvellement, puis les brebis taries »
Karine V. à Laqueuille (63)
Impacts pour la durabilité
- Limitation du recours aux intrants, minimisation des résidus chimiques d’anthelminthiques dans les viandes et dans l’environnement, moins de gestion mécanique des refus sur les prairies.
- Plus forte production à l’hectare, diversification des sources de revenus, flexibilité par rapport à la demande du marché et aux fluctuations des prix.
- Méthode de production plus « naturelle » répondant à l’attente des consommateurs.
Quelques références
- Les systèmes mixtes d’élevage de petits ruminants et de bovins : une alternative pour améliorer les performances animales au pâturage – Alexis et al. Innovations agronomiques, n°43, 2015.
- Intérêt de la mixité d’espèces pour accroître la flexibilité des élevages : l’exemple des élevages bovins lait + ovin en Auvergne – Cournut et al. Journées 3R, 2012.
- Diversité dans la filière Petits Ruminants : une source de résilience ? – Prache et al., Innovations agronomiques, n° 68, 2018.
- Fiche expérimentation système « Salamix : adapter le type génétique et mixer les espèces pour renforcer leur durabilité ? » 2017.
- Fiche Equipaedia « Pâturage mixte équins-bovins : qu’en savons-nous ? », 2018.