Description
Le déprimage : pâturer tôt et avoir des fourrages de qualité
A la sortie de l’hiver, l’herbe qui a subi le froid et le gel perd de la valeur. Le déprimage permet de faire consommer l’herbe non pâturée avant l’hiver et d’améliorer la qualité des repousses en favorisant le tallage. Il permet également d’économiser sur les stocks de fin d’hiver en sortant tôt des animaux au pâturage. On parle de déprimage pour les parcelles prévues en fauche, mais le même terme peut être utilisé pour le 1er passage sur les parcelles pâturées.
Les principes
- On ne coupe pas l’épi des graminées car celui-ci n’est pas encore monté dans la tige, mais on favorise une repousse de qualité et homogène.
- Cela limite les refus des exploitations futures. La montée en épis ne sera pas retardée, mais les épis sortiront plus bas. Les tiges seront moins hautes et plus appétentes et la proportion de feuilles plus importante.
- Pour les parcelles pâturées, le déprimage évite de gaspiller de l’herbe plus tard : consommation précoce de la pousse hivernale en freinant les espèces les plus précoces, et création d’un décalage de pousse entre parcelles qui va permettre de démarrer la rotation de pâturage.
- Ce pâturage précoce dynamise le tallage des graminées et la croissance des légumineuses par l’accès à la lumière et l’appui des pattes.
Impact sur le rendement
Sur les prairies de fauche, un déprimage trop tardif peut retarder la récolte de foin, mais tant que l’épi n’est pas mangé, le rendement n’est pas affecté. Le déprimage ne doit pas être fait trop tard. Repère en Pays de la Loire : fin du déprimage mi-avril en système bovin lait et début mai en système bovin allaitant. Cependant, si la fin du printemps est sèche, le rendement en foin pourrait être affecté.
Comment le réussir
- Commencer le déprimage avant que l’herbe n’ait démarré sa croissance en fin d’hiver/début de printemps. En fonction de la portance des parcelles et de la précocité des secteurs, le déprimage commence entre février et avril, mais dans tous les cas il se termine avant le stade épi 10 cm : 550° jour.
- Peu importe la hauteur d’entrée dans la parcelle, l’important est de sortir des parcelles avec une faible hauteur d’herbe : 4 à 5 cm herbomètre, soit la hauteur du talon.
- Passage rapide : pas plus de 10 jours sur une même parcelle.
Des conseils pour réussir
- Plus la surface à déprimer est grande, plus le déprimage doit commencer tôt.
- Il y a plus à gagner à récolter de l’herbe tôt, quitte à abîmer un peu les parcelles, qu’à gaspiller de l’herbe sur pied. Tant que les bovins ne marquent pas le sol de plus de 5 cm de profondeur, le rendement global de la prairie n’est pas pénalisé.
- En cas de faible portance, accélérer la rotation des animaux pour qu’ils pâturent efficacement. Changer de parcelle tous les jours en redivisant les parcelles.
- Commencer par sortir des lots à besoins modérés (génisses, vaches laitières en fin de lactation, boeufs…).
- Pour ne pas trop abimer les prairies en cas de portance limitante, limiter le temps de présence (quelques heures/jour).
- La fin du déprimage doit être raisonnée. Le calcul des jours d’avance permet de mieux gérer la fin du déprimage. Pour une prairie à base de graminées, compter environ 15 jours, et au moins 20 jours pour une prairie d’association graminées + légumineuses.
- En décalant la pousse des différentes parcelles, cette pratique apporte de la souplesse dans la gestion du pâturage et le choix des parcelles à faucher.
« La chance que j’ai c’est d’avoir des coteaux. Ce ne sont pas les parcelles les plus productives mais elles me permettent de sortir tôt car ça porte dès mi-février. Je commence par sortir 1 petit lot de génisses. J’augmente l’effectif quand la pousse de l’herbe augmente. Ça me permet de ne pas gaspiller sur la suite du printemps car les parcelles ne sont pas toutes au même stade. La difficulté c’est que certaines années on a l’impression qu’on va manquer d’herbe. C’est pour ça que je sors de petits lots »
N.C., éleveur de charolaises (49)
Impacts pour la durabilité
- Amélioration de la qualité de l’herbe récoltée.
- Réduction des besoins en fourrages conservés, plus coûteux à produire.
- Moindre consommation d’énergie par économie de concentrés et moins de fourrages complémentaires à produire et à distribuer.
- Moins de temps passé à distribuer des fourrages en bâtiment.
Quelques références
- Guide pratique de l’éleveur : produire avec de l’herbe, du sol à l’animal – Chambres d’Agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, avril 2011.
- Bien conduire le pâturage pour optimiser la valorisation de l’herbe – CR Bourgogne Franche Comté, 2017.
- Sécuriser le système fourrager face aux aléas climatiques – Guide méthodologique PRAICOS. Institut de l’élevage, 2014.
- Réussir sa mise à l’herbe – L’espace alpin n° 301. Chambres agriculture PACA, 2017.