Description
Diversifier les ressources pâturées
Le pâturage permet de valoriser directement les ressources végétales de l’exploitation et permet ainsi de réaliser de substantielles économies par rapport à l’utilisation de stocks. Cependant les prairies ne sont pas toujours en mesure de répondre aux besoins du troupeau, en temps utile, ou en termes de qualité. L’introduction dans la chaîne de pâturage d’autres types de ressources, non prairiales, peut permettre de maximiser le pâturage.
Quel intérêt ?
En premier lieu pour nourrir le troupeau lorsque les prairies sont peu disponibles. L’utilisation de ces autres ressources pâturées peut être planifiée dans le système fourrager, dans
une démarche stratégique. Ce peut être aussi une réponse tactique, à plus court terme, en réaction à des contraintes (climatiques en particulier).
Le pâturage de « cultures » (parcelles non prairiales) peut également contribuer à limiter le développement des adventices par un pâturage précoce, à fertiliser la culture via les déjections…
La diversification des ressources peut impacter positivement la santé des animaux, leur bien-être (ombrage) ou la qualité des produits animaux (présence de composés d’intérêt).
Une palette de ressources
Dans des systèmes associant prairies et cultures, avec ou sans zones boisées, une large gamme de ressources fourragères peut être mobilisée pour le troupeau au pâturage :
- Des cultures annuelles fourragères comme des graminées estivales (sorgho fourrager, millet, moha) ou des crucifères (chou ou colza fourrager…) pour les mois d’été et d’automne. Ces
cultures peuvent être implantées en culture principale ou en cultures dérobées. - Des cultures « racines » exploitées à la fois pour le feuillage et leurs racines en été, automne ou hiver : radis, navets, betteraves.
- Des ressources ligneuses (arbres, arbustes ou lianes) disponibles dans les parcours et les bois, mais aussi dans les haies et les prés vergers, ou dans des parcelles agro-forestières
dédiées à cet usage.
Des cultures double usage
Des cultures dont la vocation n’est ou n’était pas fourragère peuvent être mobilisées, de façon systématique ou occasionnelle en cas de crise fourragère.
- Des jeunes céréales à paille (associées ou non) en sortie d’hiver, des cultures de maïs ou de sorgho, des repousses de colza, céréales, méteils, ou de sorgho en automne (avant le gel).
- Des intercultures ou cultures « environnementales » (CIPAN et autres) durant l’hiver et au début du printemps (si non gélives).
Des conseils pour réussir
- Oser offrir tout ce qui pousse : chaque journée au pâturage, ce sont des stocks économisés.
- Diversifier le menu du troupeau dans la journée permet aussi de broûter des ressources un peu particulières : 2 à 4 heures de colza, de millet, de betterave ou de sous-bois avant de retourner dans une prairie ou en bâtiment, c’est toujours ça de pris (jusqu’à 10-20% du régime).
- Privilégier le semis direct pour profiter des repousses de la culture (ou prairie) précédente. A réaliser après un pâturage sévère pour favoriser l’implantation.
- Pâturer colza, betteraves et toute plante à fort développement au fil ou en parcelle de petite taille pour éviter le gâchis et les excès de consommation !
- Prévoir des clôtures autour des parcelles de culture proches des bâtiments : cela aidera à les faire pâturer !
- Ne pas hésiter à passer le troupeau sur une jeune prairie ou une culture pour maîtriser les adventices, mais veiller à ne pas dégrader la parcelle par piétinement.
- Faire preuve d’imagination pour faire fonctionner au mieux votre agroécosystème (soleil, pluie, sol, couvert végétal)…
« Au début, ça n’a pas été simple : les vaches ne mangeaient que les feuilles des betteraves et ne touchaient pas aux racines. On a fini par y mettre les génisses, au fil, et petit à petit elles ont arraché et mangé les racines; et elles aimaient ça ! L’année suivante, quand ces génisses sont rentrées dans le troupeau laitier, elles ont appris aux autres. Et maintenant aucun souci, 2 à 3 h de pâture par jour. Elles en raffolent. Le plus dur c’est de réussir la culture (semis et contrôle des adventices) »
Franck, éleveur bovins laitiers (86)
Impacts pour la durabilité
- Réduction des consommations d’eau et d’énergie.
- Plus d’autonomie fourragère.
- Moindre sensibilité aux aléas climatiques.
- Limitation de la dépendance aux variations du marché (aliments complémentaires, concentrés).
Quelques références
- PEREL : Pérenniser l’élevage par l’autonomie fourragère – CRA Pays de Loire.
- Des intercultures à utilisation fourragère – CA Marne, 2011.
- Les arbres, une ressource fourragère au pâturage pour des bovins laitiers ? – Emile et al., Fourrages, 2017.
- Guides méthodologiques PRAICOS – IDELE, 2014.