Description
Complémentation des vaches laitières au pâturage
L’herbe pâturée se caractérise par une valeur nutritive élevée (UFL, PDI) et s’apparente ainsi à une ration complète, en cohérence avec les besoins des animaux. Mais l’ingestion d’herbe peut être limitée par les règles de gestion du pâturage. Les conséquences sur les performances seront d’autant plus marquées que le potentiel laitier des vaches est élevé. L’apport de concentré doit être raisonné en fonction de son efficacité alimentaire, de son prix d’intérêt et des objectifs de l’éleveur.
En apporter ou pas ?
- Chez une vache laitière au pâturage (et d’un bon niveau de production), les effets de l’apport d’un kg de concentré (Cc) sont les suivants :
- Réduction des quantités d’herbe ingérées (en moyenne – 0,4 kg de MS d’herbe par kg de MS de Cc).
- Augmentation modérée de la production laitière, entre + 0,6 à + 1,2 kg de lait par vache et par jour (30 % des apports sont utilisées pour la reprise d’état corporel).
- Diminution du taux butyreux du lait (- 0,2 à – 0,4 g/kg) et maintien du taux protéique (+ 0,0 à + 0,2 g/kg), grâce au supplément d’UFL ingéré.
- L’intérêt économique de cet apport est ainsi à relativiser.
Quel concentré et comment ?
- Compte tenu de la teneur en protéines (MAT) de l’herbe, le concentré doit être à base de céréales (maïs grain, orge, blé) ou de co-produits végétaux (pulpes).
- L’apport de tourteau ne se justifie qu’en cas de distribution d’une quantité notable (> 5 kg MS /VL/j) d’ensilage de maïs en complément du pâturage, à raison de 150 à 200 g de Cc protéique par kg MS d’ensilage.
- La distribution est souvent raisonnée individuellement, en fonction de la production laitière observée et selon un rythme d’apport au-delà d’un niveau de production dit « permis par l’herbe ». Par exemple, l’éleveur distribuera 1 kg de Cc pour 3 kg de lait produit au-dessus de 22 kg de lait au printemps. Dans la pratique, la quantité individuelle est réajustée mensuellement.
- Cependant d’autres alternatives de distribution existent tel l’apport constant de concentré.
Des conseils pour réussir
- Au-delà de 3 kg par vache et par jour, il convient de fractionner les apports lors des 2 traites, notamment dans le cas d’apport de céréales rapidement fermentescibles.
- La distribution du concentré peut être prédéterminée, en distribuant une quantité constante dans le temps et pour toutes les vaches. L’efficacité de cette conduite simplifiée est comparable à la distribution individualisée.
- Plus les conditions de pâturage sont sévères (hauteurs en sortie de parcelle faibles, chargement élevé), plus l’apport de concentré est justifié et efficace.
- L’apport de concentré ne doit pas servir à masquer les conséquences d’une gestion approximative du pâturage.
- Compte tenu du rapport de coûts entre l’herbe pâturée et le concentré, tout doit être mis en oeuvre pour valoriser au mieux l’herbe produite.
« Mes prairies pâturées au bon stade sont largement excédentaires en azote soluble. Je ne propose donc qu’un concentré énergétique
pour produire mes 26 kg de lait /vache/jour, et avec seulement 14 € par tonne de lait de coût de concentré : je suis gagnant ! En cas
de léger manque d’herbe, je complète avec un enrubanné de luzerne et augmente un peu mon concentré énergétique.»O. Thouilly (39)
« Hiver comme été mes vaches reçoivent toutes la même quantité d’un concentré adapté à la ration de base. Mes voisins me disaient que j’allais gaspiller du concentré mais je me suis aperçu que j’étais dans le groupe des éleveurs les plus économes ! Mes vaches n’expriment pas tout à fait leur pic de lactation mais la persistance est meilleure. A la pâture c’est encore plus simple car le concentré est moins efficace et les
vaches compensent par l’ingestion d’herbe ! »F. Mariller (39)
Impacts pour la durabilité
- La justification économique d’un apport de concentré au pâturage est à raisonner au cas par cas. Cet apport s’avère souvent peu rentable, compte tenu des conséquences zootechniques décrites.
- Au-delà des impacts négatifs indirects associés à la production des concentrés, l’apport d’un concentré riche en protéines au pâturage est à proscrire, notamment du fait de son impact sur les rejets azotés urinaires.
Quelques références
- Faut-il complémenter les vaches laitières au pâturage ? – Delaby et al., Productions Animales, 2003
- Profiter de la valeur de l’herbe pour faire des économies – Conseil Elevage Sud Est