Description
Pâturer les prairies humides
Les prairies humides peuvent représenter une surface non négligeable d’une exploitation agricole. Ce sont des pâtures disponibles pour l’été, complémentaires des autres ressources fourragères de la ferme. Certaines précautions sont utiles pour préserver ces milieux fragiles en terme de biodiversité.
Attention, fragile !
Les prairies pâturées humides constituent des réservoirs de biodiversité souvent malmenés. Le piétinement et le prélèvement de l’herbe à des moments inappropriés peuvent détruire certaines
espèces rares. Certaines pratiques agricoles comme l’affourragement dans la parcelle, la fertilisation et le chaulage, la fauche ou le broyage peuvent banaliser le couvert végétal et favoriser certaines espèces indésirables (jonc diffus). La création de rigoles ou le labour en planche, pour évacuer l’excès d’eau à certaines périodes, affectent également la biodiversité.
Adapter les pratiques de pâturage
- Le démarrage de la végétation et la phénologie des végétaux dans les zones humides sont souvent tardifs voire très tardifs. C’est un mal pour un bien car ces surfaces sont souvent très
peu portantes en sortie d’hiver et donc peu propices à accueillir des animaux tôt. - Les temps de repousses sont généralement longs et réduisent de fait le nombre de cycles de pâturage (1 à 3 cycles par an).
- La pression de pâturage doit être adaptée en fonction de la portance, de l’effet attendu sur la végétation (limitation des joncs par exemple) et des besoins des animaux.
L’abreuvement est facile mais…
L’enjeu est d’éviter la dégradation des berges et de préserver la qualité des eaux des cours d’eau contigus aux parcelles. Une mise en défens des ruisseaux est souvent nécessaire. Mieux
vaut aménager des aires stabilisées pour les points d’eau.
Des conseils pour réussir
- Le pâturage à lui seul peut permettre d’entretenir et de valoriser au mieux les prés humides.
- Il peut être nécessaire d’associer au pâturage des pratiques de fauche.
- La fauche de fin de printemps favorise la production fourragère.
- Une fauche très tardive d’été ou de fin d’été favorise la biodiversité faunistique et floristique.
- Une fauche au minimum tous les 2 ou 3 ans contribue à maintenir le milieu ouvert.
- Le pâturage tournant permet de limiter les effets du piétinement, du surpâturage de certaines zones et favorise la consommation des végétations moins appétentes (découpage de parcelle avec clôtures amovibles).
- Ce sont les conditions de portance qui priment pour décider de mettre les animaux sur la parcelle.
- Tourner avec des temps de repousses adaptés au type de flore (3-4 semaines en milieu fertile, jusqu’à 6-8 semaines en milieu plus « maigre »)
- Eviter le pâturage des zones les plus mouillées par des animaux sensibles au parasitisme (grande douve), comme les jeunes.
« On a 40 ha de prés mouillés à disposition des vaches laitières. ça ne nous empêche pas de produire du lait. Les années de sécheresse, on s’en tire plutôt mieux que les autres… »
Gaec Gaspard des Montagnes Ceilloux (63)
Impacts pour la durabilité
- Les prairies humides sont souvent les seules surfaces valorisables par le pâturage en été. Elles sont réellement complémentaires des prairies saines plus sensibles au déficit
hydrique. - Le maintien d’îlots de biodiversité au sein d’une exploitation agricole participe à l’efficacité du système.
- Préserver les prairies humides, c’est conserver de véritables filtres naturels pour améliorer la qualité de l’eau des rivières.
Quelques références
- Les milieux humides agricoles – CA 87, 2012.
- Guide des bonnes pratiques agricoles en zones humides – CA Savoie Mont-Blanc, 2016.
- Prairies permanentes: des références pour valoriser leurs diversité – Idele, 2011.
- Guide de gestion des milieux prairiaux embroussaillés bords de Loire – CRA Pays de la Loire, 2013.