Description
Fertiliser les prairies
Les apports d’azote sont possibles sous forme de fertilisants minéraux ou organiques, ou via la fixation de l’azote atmosphérique par les légumineuses. La fertilisation se raisonne à l’année, en fonction des besoins des animaux en herbe (pâturage et fauches) et du système
fourrager choisi, et au cycle d’exploitation en fonction de l’herbe disponible et de la demande animale. L’intérêt économique de la fertilisation doit également être pris en compte (gain de production rapporté au coût).
Des repères sur l’azote
- Les apports annuels peuvent varier de 0 (prairies autonomes grâce aux légumineuses) à 150-200 kg N/ha/an (pour des prairies pâturées intensives très dominées par les graminées). Les prairies temporaires ou permanentes de fauche pauvres en légumineuses et destinées à constituer les stocks peuvent valoriser jusqu’à 250-300 kg N/ha/an en zone favorable à la croissance de l’herbe.
- Raisonnés par cycle, les apports d’azote varient généralement entre 20-50 (pâturage printemps) et 60-80 kg/ha (zones précoces, prairies destinées à la fauche), Ces apports n’auront lieu que lorsque les graminées peuvent les valoriser, donc essentiellement au printemps.
- Sur prairies plurispécifiques l’absence d’apport azoté favorise les légumineuses mais en zone froide un apport modéré en sortie d’hiver peut améliorer la croissance des graminées en 1ère repousse.
Phosphore et potasse
- Dans les prairies essentiellement pâturées, les déjections animales restituent l’essentiel du P et K ingérés. Des déséquilibres peuvent néanmoins s’observer à long terme.
- Lorsque des légumineuses sont présentes dans la prairie, il faut s’assurer que le sol est correctement pourvu en ces 2 éléments au départ.
- Dans les prairies de fauche, la disponibilité en P et K peut diminuer rapidement à cause des exportations importantes par les récoltes. Des apports sont alors nécessaires pour compenser les exportations et maintenir la fertilité.
Des conseils pour réussir
Il existe beaucoup d’outils pour calculer la dose d’azote annuelle (COMIFER 2011) mais pas vraiment d’outil tactique pour accompagner l’éleveur dans ses décisions tout au long de l’année.
- Fertiliser en fonction des besoins du troupeau et du rendement attendu plutôt que pour maximiser la production de la parcelle.
- S’adapter à la parcelle : sol, potentiel de production en fonction des conditions météorologiques attendues.
- Préserver l’équilibre entre les légumineuses et les autres espèces pour optimiser la fixation atmosphérique.
- Tenir compte des apports de minéraux par les déjections au pâturage
- Offrir à votre apport d’azote toutes les chances d’être efficace : préserver le potentiel de la prairie en évitant le surpâturage en conditions séchantes, le piétinement en conditions humides, etc.
- Considérer l’apport d’azote minéral comme un outil de pilotage pour accélérer la croissance d’une prairie de graminées ou augmenter la production d’une repousse, en fonction de vos besoins.
« En associant graminées et légumineuses, je n’utilise que 30 kg N minéral/ha en sortie d’hiver pour assurer le fourrage nécessaire à la mise à l’herbe des animaux. En augmentant aujourd’hui mes surfaces en herbe, je pourrai même me passer de cet apport d’azote. Grâce à un pâturage très ras (3-4 cm en sortie de paddock) j’allie bonne productivité et pérennité des légumineuses qui disposent ainsi de toute la lumière nécessaire. Les déjections maîtrisables restituent aux surfaces fauchées les exportations importantes de phosphore, de potassium et de carbone. Le compostage me permet d’entretenir en phosphore et potasse les surfaces fauchées non épandables qui s’appauvrissent très vite. »
Patrick H., éleveur bovins (29)
Impacts pour la durabilité
- La valorisation de l’azote atmosphérique fixé par les légumineuses réduit encore plus les coûts de production ; l’air est gratuit !
- L’apport raisonné d’azote minéral au pâturage permet de piloter au mieux la satisfaction des besoins en quantité et qualité de fourrages tout en limitant les pollutions (air et eau).
- Un paysage largement occupé par des prairies bien valorisées génère beaucoup de services écosystémiques.
Quelques références
- Calcul de la fertilisation azotée pour cultures annuelles et prairies (+ documents GREN) – COMIFER, 2011.
- Les industries de la fertilisation
- De nombreux « Guides de fertilisation des prairies » – sur les sites des Chambres d’agriculture, du réseau RAD, du réseau GAB
- Les légumineuses pour des systèmes agricoles et alimentaires durables – Schneider et Huyghe, ed Quae, 2015. Pdf et epub gratuits
- On peut être une prairie de mélange et exiger une fertilisation azotée ! – Herb’actifs