Description
De l’eau pour ma saison de pâturage
Avoir de l’eau saine à disposition est un point fondamental pour conserver les performances animales au pré : 87% du lait est composé d’eau et les besoins totaux en eau sont de l’ordre de 1,5 à 4 litres/kg MS ingéré selon les animaux. Réfléchir à la gestion de l’eau au pâturage permettra de réaliser une économie de temps et de charges. L’abreuvement dans les cours d’eau est possible ; cependant, dans certaines régions, son accès est réglementé pour ne pas que les animaux souillent la rivière et que les berges soient dégradées. Des infrastructures peuvent être mises en place.
L’eau pour tous
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- Les herbivores ont un comportement différent vis à vis de l’abreuvement. Les bovins, les ovins et les chevaux doivent avoir constamment de l’eau de qualité à disposition alors que les caprins peuvent passer 7 à 8 heures au pâturage sans boire.
- Idéalement, il faudrait éviter que le point d’eau soit à plus de 200 m du fond de la parcelle pour que celle-ci soit bien pâturée.
- Plus le point d’eau est excentré, plus les animaux ont tendance à se déplacer tous au même moment pour aller boire : il faudrait alors être capable de satisfaire la moitié de la consommation quotidienne du troupeau en 10 minutes !
- Quelle eau consommer ? L’eau donnée aux animaux doit être de qualité et répondre aux recommandations de potabilité en élevage. Quelques références sont proposées ci-dessous.
D’où peut venir l’eau ?
- Eau de ruisseau : un aménagement est nécessaire.
- Captage de nappes superficielles : dépendant des aléas climatiques mais permet d’avoir une eau fraîche et courante avec un aménagement facile (alimentation gravitaire, pompe solaire, puits,..). Non réglementé à part si zone humide ou proximité d’un cours d’eau.
- Captage des eaux profondes par forage : si des nappes sont identifiées sous le terrain de l’exploitation. Accès à un volume important mais mise en place coûteuse. Si le prélèvement est inférieur à 1 000 m3 par an : déclaration en mairie. Si supérieur à 1 000 m3 par an : déclaration auprès de la Police de l’eau. Si la profondeur est supérieure à 10 m, une déclaration à la DRIRE est obligatoire.
- Stockage des eaux de pluie ou des eaux de surface : fortement réglementé.
- Réseau d’adduction d’eau de ville : eau de qualité, stable dans le temps en quantités illimitées. Le coût du m3 d’eau est élevé.
Des conseils pour réussir
- Le choix du matériel est primordial pour qu’une installation puisse durer dans le temps. A la mise en place du réseau d’eau, il faut essayer d’enterrer les canalisations d’au moins 30 cm (voire 60 cm dans les sols profonds) pour éviter la dégradation lors de l’utilisation d’outils agricoles.
- Attention au diamètre extérieur : les plus utilisés sont de 25 et 32 mm pour le réseau primaire. Dans les parcelles, les tuyaux semi-rigides de 19/25 mm peuvent être facilement installés avec une sous-soleuse ou directement en surface sous les clôtures. Des buses semi-enterrées permettront de localiser les sorties de tuyau. En hiver, il faut faire attention au gel de l’eau dans les tuyaux. Laisser le réseau ouvert permettra d’éviter ces problèmes.
- Plus la distance à parcourir est élevée, plus la perte de pression est importante. Pour un tuyau de 25 mm, la perte peut aller jusqu’à 1 bar pour 100 m de distance alors qu’elle ne sera de 0,6 bar avec du 32 mm.
« Pour passer en maxi pâturage, on a fait les choses en grand ! Un réseau fixe pour ne plus brasser des tonnes à eau et enterré pour limiter les fuites, avec des bassins de 400 à 1000 litres. Deux ans après on a mis le surpresseur pour avoir un débit suffisant dans les parcelles éloignées (1200 m). ça n’empêche pas qu’il faut bien surveiller les abreuvoirs, surtout en été, et qu’on peut se faire piégé par le gel ! »
Fabien B., éleveur bovins lait (86)
Impacts pour la durabilité
- Augmentation des croissances et de la quantité de lait produit avec de l’eau à disposition de qualité.
- Au pâturage les besoins en eau sont réduits : l’herbe pâturée est 2 à 4 fois plus riche en eau que l’ensilage et le foin !
- Un bon réseau d’abreuvement c’est mieux pour la préservation des berges et de la qualité des eaux de rivières.
- Mieux vaut prendre le temps de surveiller les animaux que de le passer à remplir et déplacer la tonne à eau d’une parcelle à l’autre !
Quelques références
- Dossier technique : l’abreuvement au champ – Programme Herbe et fourrages en Limousin, 2009.
- Abreuvement au pâturage, des solutions techniques respectueuses de l’environnement – Chambre d’agriculture de Haute-Loire.
- Optimiser l’abreuvement au pâturage – Syndicat de l’Elorn, 2017.
- L’eau coule dans les tuyaux : profitez-en – Cap élevage N°44, Mai 2010.